• Le Ker de Massat

    Nous sommes montés plus d’une fois au rocher du Ker. Il s’agit d’un piton qui surplombe le village de BIERT tout près de  Massat.

    A l'entrée de Massat, prenez la route à droite de la chapelle en rentrant au village. Elle mène au col du Saraillé. A environ 1km, lorsque vous atteindrez le panneau "col d’Ourben", prenez à droite. Au bout de ce chemin vous atteindrez  un lieu mythique, au pied d’un rocher appelé Ker, comme en Bretagne. Il s'agit du rocher du Ker de Massat. Là étaient célébrés autrefois des offices religieux. Si on s’amusait à creuser le sol on arriverait sans doute à y retrouver des os des pratiquants de ces cérémonies qui ont été enterrés là parce qu’ils ont perdu le droit d’être enterrés dans le cimetière de Massat. De nos jours, boisé et broussailleux, le Ker ressemble un peu à une colossale sentinelle veillant sur les eaux de l’Arac qui traverse le canton de Massat.

    La raison principale d’une ascension du rocher…par un chemin très praticable, rassurez vous… c’est la vue qu’on y découvre. Lorsque l’on compare cette vue à celle du début du siècle on peut se rendre compte que les bois ont repris du terrain sur les cultures.

      Au 14 ème siècle, époque où ce gros rocher se montrait plus aride, un ermite vivait là-haut, prévenant par un feu de branches les populations de la vallée quand des bandits approchaient.

    Mais il n'y a pas si longtemps, à la fin du 18 ème siècle et durant le 19 ème, le Ker fut le dernier refuge des Petchets ! Qui étaient-ils ? Des prêtres réfractaires, refusant de se plier aux lois établies sous la Terreur, puis sous le règne de Napoléon Bonaparte.

    Deux d’entre eux, le curé Jean-Galy-Roquefort et le chanoine Ruffié, mourront dans les prisons de Toulouse. Quant au curé Urtier, il se cacha au village de Bernedo, l’actuel Bernède, sur la route du Saraillé.

    Ainsi se créa bientôt "une petite église", au hameau de Petchet, avec le soutien des fidèles. Le culte était célébré dans les maisons. A Petchet, ce fut celle de Pierre Loubet de Paoule qui servit de lieu saint, et l’on enterrait les morts sur le Ker, la nuit, car ceux qui soutenaient le prêtre rebelle n’avaient plus le droit d’être inhumés dans le cimetière de Massat. Cérémonies furtives, que trahissaient cependant les lumières dansant là-haut, au sommet du roc.

    Au fil des ans, on nomma le curé et ses fidèles des "petchets" ! Le dernier d’entre eux avait nom Sabin Loubet de Paoule et il s’éteignit en 1940, à l’âge de 97 ans. Ancien colporteur en sus de ses activités d’agriculteur, il parcourait les chemins de la montagne, vendant du fil, des aiguilles, des lunettes et des almanachs.

    Avec lui se turent à jamais bien des secrets, car ce Petchet n’était autre que le petit-fils du Pierre Loubet de Paoule, que le curé Uritier avait ordonné diacre. Ainsi fut assurée la pratique du culte aux environs du roc de Ker, par des hommes qui avaient refusé de renier la religion de leurs ancêtres et surtout "la constitution civile du clergé".

    On dit aussi qu’en 1940, on distinguait encore la forme des tombes, affleurant le sol du Ker. Maintenant, seule demeure la stèle qui abritait jadis la statue de Saint Branda. De quoi porter un regard différent sur ce roc de Ker, dont la grotte est la première en Ariège où furent découverts des objets préhistoriques.